D'ECRISSURES EN ECRITISSAGES / Mars 2012

…Au lieu d’une vision à l’exclusion des autres, j’eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui indéfiniment se déroule sinueuse, et, dans l’intime, accompagne tout se qui se présente du dehors comme du dedans. Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte lepouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour. Dessin cinématique. Je tenais au mien, certes. Mais combien j’aurai eu plaisir à un tracé fait par d’autres que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à noeuds et à secrets, où j’aurai eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours. Mon film à moi n’était guère plus qu’une ligne ou deux ou trois, faisant par-ci par-là rencontre de quelques autres, faisant buisson ici, enlacement là, plus loin livrant bataille, se roulant en pelotes ou – sentiments et monuments mêlés naturellement – se dressant, fierté, orgueil, ou château ou tour… qu’on pouvait voir, qu’il me semblait qu’on aurai dû voir, mais qu’à vrai dire presque personne ne voyait. » ( Extrait de Dessiner l’écoulement du temps. PASSAGES. Henri MICHAUX )

La phrase sans mots 

Encre sur papier / série 54 pièces sur panneau galva 100 x 150

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Le sismographe

Encre sur papier /verre / série 12 pièces (20 x 20)

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Les mots en disent trop car ils en savent trop… Plutôt s’attacher aux signes, à leurs déplacements dans l’espace, à leur succession dans le temps, leurs sillages et suivre leurs enchainements , visualiser les rythmes qui animent le langage.

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